Présentation TD UE 2 Approches de la personne et marginalité (2020-2021)
Le XXe siècle a vu l’émergence de la marginalité comme problématisation des rapports sociaux entre la société et les individus situés en dehors. Ce TD se propose donc d’en rendre compte à travers un voyage dans l’espace et le temps à travers un siècle de modernité, de migrations et de mouvements très importants des idées auxquels les sciences sociales ont largement contribué.
L’autre composante de cette question contemporaine se situe dans l’observation des individus qui se situent dans la norme ou dans la déviance, mais qui néanmoins se côtoient. Il s’agit, en fait, d’une dialectique centre-périphérie dont nous nous efforcerons de saisir les enjeux. Cette question s’est développée particulièrement autour de la compréhension de ce phénomène social dans les villes du monde occidental. Nous partirons donc tout d’abord de 1919 avec l’étude de cas de Wladeck, un ouvrier polonais, en situation de désorganisation sociale et individuelle, qui migre en Amérique et dont l’itinéraire est décrit par Thomas et Znaniecki dans un des ouvrages fondateurs de la sociologie et de la première école de Chicago. Dans une perspective écologique du milieu urbain, l’individu est alors considéré jusqu’à la fin des années 40 comme manquant d’adaptation aux structures sociales. Nous aborderons ensuite la question de l’imposition des normes avec Becker, sociologue de la seconde école de Chicago à partir d’un exemple concernant la législation sur la marijuana. Nous continuerons par Goffman, un autre sociologue de ce courant interactionniste en étudiant la notion de stigmate avant d’étudier un texte de Lacaze sur la théorie de l’étiquetage modifiée. Mais la conception de la marginalité va aussi petit à petit évoluer assez vite vers le couple normalité-déviance. Nous reviendrons donc, dans un premier temps, en France avec un texte de Bourdieu et Champagne, « Les exclus de l’intérieur » qui décrit l’école d’aujourd’hui comme une institution qui exclut toujours mais à tous les niveaux de cursus. Nous verrons aussi avec un extrait de La Reproduction comment la violence symbolique, non perçue par les agents, légitime un maintien de l’ordre social et des normes établies. Puis, nous continuerons avec un auteur du Québec, Parazelli et son concept de socialisation marginalisée qui rend compte d’un désir d’insertion sociale par la marge de certains individus. C’est pourquoi, avec Baudry, nous nous interrogerons sur la figure de l’asocial en discutant la notion d’exclusion. Puis, nous analyserons trois mécanismes qui conduisent à la marginalité : la désaffiliation (Castel), la disqualification sociale (Paugam) et la désinsertion sociale (de Gaulejac). Nous verrons aussi comment la notion même de marginalité a évolué dans le temps vers d’autres théories et même d’autres signifiants comme celui de vulnérabilité (Brodiez-Dolino).Ceci nous amènera avec Schecter et Paquet à une réflexion sur les paradoxes des sociétés modernes, entre exclusion et inclusion, à l’image du Canada. Nous reviendrons une nouvelle fois en France avec un article sur le décrochage scolaire (Melin) avant de continuer par un texte sur la figure de l’abjection à travers le rubbish man (Panoff) chez les Maenge de Nouvelle-Bretagne en montrant que l’inégalité et les tensions internes sont tout aussi présentes dans les sociétés primitives. Pour conclure nous étudierons un texte intitulé « Ce que sont les marges aux sciences sociales » (Wiewiorka), qui devrait faire avec le travail de synthèse qui vous est demandé et qui vient clore ce TD.
- Enseignant: AnjardJean-Yves